Lieu culturel, musée : pourquoi vous avez besoin du FALC

Faut-il « laisser voir » ou « amener vers » une œuvre ? On n’ouvrira pas ici de long débat : on a déjà tranché pour vous. Comme les politiques culturelles misent de plus en plus sur la médiation (voire l’inclusion), on s’intéresse aujourd’hui à une astuce qui peut aider tous les musées, théâtres, cinémas, festivals, etc. à améliorer leur accessibilité, de façon systématique. Un réflexe pratique, pour les services de communication et de médiation culturelle.

Pour que l’accès à la culture ne soit pas qu’une question de transports et de rampes pour fauteuils roulants – ou ne se réduise pas à un casse-tête organisationnel – on vous propose de vous mettre à une pratique qui se répand partout. Et si vous pensiez toutes vos communications, toutes vos démarches, dès le commencement, en FALC ?

Pourquoi vous parle-t-on de facile à lire et à comprendre ?

En quelques lignes, on a déjà parlé d’accessibilité, d’inclusion, de FALC et de médiation culturelle. Tous des chantiers séparés ? Non, évidemment. Penser l’un, c’est penser l’autre.

La loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qui est entre autres à l’origine de l’apparition du FALC, liait déjà inclusion et accessibilité.

Or une pratique inclusive, qui permet l’accès à l’information pour tous les publics, c’est justement l’écriture en FALC. C’est-à-dire produire (ou adapter) du contenu dans un langage clair, que tous les publics puissent lire et comprendre, y compris les personnes en situation de handicap. Ce qui comprend, en réalité, bien plus de profils qu’on ne l’imagine. Comme des personnes dyslexiques ou des personnes récemment immigrées et qui parlent et comprennent encore peu ou mal la langue, mais aussi des sourds et malentendants, des enfants en apprentissage du langage et des personnes âgées qui commencent à l’oublier, des personnes souffrant de trouble de l’attention, etc.

Ce schéma aide à mieux se représenter le spectre des publics concernés par un besoin de FALC.

Le FALC en milieu culturel n’est pas qu’une affaire de handicap…

Connaître et comprendre le public qui vient au musée, c’est la base de tout travail de médiation culturelle. C’est comme ça qu’on conforte son identité, qu’on s’adresse bien à son public…

Mais aucun lieu de culture ne peut se contenter de s’adresser uniquement aux personnes déjà informées – voire convaincues – de son offre. D’où l’importance d’aller plus loin : connaître et comprendre le public qui pourrait y venir, pourquoi il n’y vient pas encore et comment il peut devenir à son tour un public actif.

Accessibilité universelle

Un rapport d’information du Sénat datant de 2017, « Culture et handicap : une exigence démocratique », souligne notamment que l’accessibilité n’est pas qu’une question d’aménagements physiques (rampes, accès fauteuils roulants, braille…) mais aussi d’intérêt général.

On peut y lire :

« (…) les effets bénéfiques sont loin de se limiter à elles seules [les personnes handicapées] : ils s’étendent à la société dans son ensemble. Déjà, parce que la culture s’enrichit de la singularité de chacun. Aussi parce que l’expérience montre que les démarches réalisées en direction des publics handicapés profitent toujours à d’autres publics. Enfin, parce que le vieillissement de la population et le développement des problèmes de santé chroniques contribuent à accroître la proportion de personnes en situation de handicap au sein de nos sociétés. »

Et de proposer, ensuite, d’améliorer l’information disponible grâce à des actions comme :

– Réaliser une cartographie précise et fiable des initiatives dans le domaine de la pratique artistique et culturelle accessibles aux personnes en situation de handicap.

– Organiser une campagne de communication nationale sur le thème de la culture et du handicap pour manifester la mobilisation de l’État et donner de la lisibilité à l’action publique.

– Faire de l’accessibilité des sites internet des établissements et structures culturels une priorité d’action.

Comment et quand intégrer du FALC dans la culture, sans se compliquer le travail ? 

Ces discours sont bien beaux mais, on le sait, les métiers de la communication dans le domaine culturel sont déjà surchargés et en tension. Si on ajoute encore une contrainte en produisant deux fois plus de contenu pour faire du facile à lire et à comprendre… On ne s’en sort plus !

C’est justement là que le FALC peut devenir un atout et non plus une contrainte.

Plutôt que de le considérer comme une tâche supplémentaire dans votre programmation culturelle, faites-en un réflexe de pensée au tout début de votre travail.  

Pourquoi penser en FALC vous fait gagner du temps ?

En fait, le facile à lire et à comprendre est une méthode d’organisation de la pensée. Une façon de structurer sa pensée et, donc, son discours, en fonction du ou des publics à qui on compte s’adresser.

Du Théâtre de La Ville au Musée d’Orsay, en passant par les différents Théâtre National de…, les bibliothèques municipales, médiathèques et festivals, vous savez déjà (naturellement) créer un livret d’accompagnement pour une exposition, une pièce de théâtre ou un parcours artistique. Vous avez votre ton, votre langage quasiment « institutionnalisé », et votre public sait se reconnaître. On ne parle pas de la même façon au public de We Love Green qu’au public de l’Opéra National de Lyon… Et c’est peut-être dommage, finalement !

Parce qu’on organise différemment sa pensée selon le récepteur de notre message, nos communications sont souvent limitées dans leur impact, parce qu’elles se dirigent uniquement aux gens à qui on a l’habitude de parler. C’est ce qui fait que, quand votre livret d’exposition est prêt et qu’on vous demande de l’adapter à un autre public, vous devez tout reprendre à zéro… voire parfois repenser tout le parcours visiteur avec.

Or, en préparant vos communications dès le départ comme si elles devaient toutes être FALC, vous pouvez gagner du temps à tous les niveaux. Penser en FALC, c’est notamment se demander tout de suite :
– qui peut lire/entendre/capter (de façon totalement autonome) le message ?

– qui est en capacité de comprendre le message ?
– pourquoi est-ce que je souhaite que cette personne / ce groupe de personnes ait accès à cette œuvre ?

C’est en quelque sorte un premier défrichage, qui pose les bases de la suite de votre travail de médiation culturelle.  

À quoi ça ressemble concrètement ? Des exemples d’actions réussies

Maintenant que vous commencez à penser en facile à comprendre… Où et quand placer du FALC dans vos futures communications culturelles ? Quels services sont concernés ? Le FALC est-il vraiment utile pour une salle de cinéma ? À quoi sert-il dans un musée ?

Il y a en réalité une foule d’actions possibles pour jouer avec le FALC et l’accessibilité d’un lieu culturel (en tous lieux et à tous moments). Nous vous en avons sélectionné quelques-unes, parfois très inattendues.

Exemple de texte en FALC pour une exposition 

Une utilisation « commune » du FALC aujourd’hui, consiste à rédiger les livrets explicatifs d’une exposition dans un musée.  

C’est par exemple le cas de cette exposition de 2020 sur Pompéi au Grand Palais, qui permet une visite numérique immersive.

Un exemple de page écrite en FALC pour l'exposition sur Pompéi en 2020 au Grand Palais

Un guide facile pour mieux s’orienter sur le site

Certains lieux et espaces culturels sont de vrais labyrinthes. Un guide en FALC, disponible sur le site internet (ou distribué ailleurs) permet aux publics handicapés de s’y repérer, mais pas que…

Certains utilisateurs – même hors situation de handicap – n’oseront pas admettre qu’ils s’y perdent, et préfèreront parfois renoncer à une visite pour ces raisons.

Voici un exemple de guide clair et facile à comprendre pour s’orienter sur les différents sites du parc de La Villette.

Le FALC en littérature : les livres pour tous

Théâtre, poésie, roman, même la littérature peut devenir accessible. Il ne s’agit plus seulement de proposer un « profil d’œuvre », mais carrément de traduire des classiques pour qu’ils deviennent lisibles, compréhensibles et attractifs, à des publics qui n’y ont habituellement pas accès.

C’est par exemple ce que fait la maison d’édition Kilema depuis quelques années, en proposant différentes collections littéraires accessibles à tous.

La couverture du livre Roméo et Juliette en FALC par l'éditeur Kilema

Retrouvez ici notre collaboration avec Kilema, et le témoignage de Maëlle Coudert, autrice-traductrice de littérature en FALC.    

Aller plus loin : culture inclusive et accessibilité universelle

Vous vous souvenez du rapport du Sénat dont on vous parlait un peu plus haut ? Il insistait sur le fait que la culture accessible, ça englobe aussi l’accessibilité de la création.

Et donc le fait d’intégrer, entre autres, des personnes en situation de handicap à la création artistique, de la scène à la scénographie d’un musée, par exemple.

La tendance est clairement à l’inclusion à tous les niveaux, et ça devrait continuer dans les années à venir. On ne cherche plus seulement à adapter les œuvres et les lieux à d’autres publics, mais à les intégrer dès le départ, y compris en les considérant dans le processus artistique.

Par ailleurs, certains musées, comme le Musée de la Marine (avec qui travaille souvent Com’Access), réfléchissent désormais à proposer de nouvelles expériences artistiques inspirées de la méthode Snoezelen. Immersives, sensorielles et inclusives, elles sont pensées avec, par et pour des personnes handicapées… pour s’adresser au plus grand nombre, avec ou sans handicap.

Pour vous former ou vous perfectionner à l’écriture FALC ou pour un accompagnement sur vos communications à destination de publics handicapés, vous pouvez nous contacter ici.  


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