Financement de la formation professionnelle : comment faire en 2025 ?

Sur le papier, il y a moins de budget. C’est peut-être le seul point qui soit parfaitement clair sur ce sujet. Le « Jaune Budgétaire 2025 », ce document annexe au Projet de Loi Finances, prévoit de réduire les moyens alloués à la formation professionnelle. Si la loi était finalement adoptée, il faudrait économiser sur le budget de France compétences (et sur les budgets formations de France Travail, ex-Pôle Emploi), ou encore remodeler le CPF qui, malgré divers ajustements ces dernières années, n’attire et n’engage pas assez. Objectif 2025 : financer moins d’offres et remettre la priorité sur la qualité des formations et des organismes.   

Comment faire financer une formation professionnelle désormais ? Par qui la faire financer et quelles formations seront vraiment prises en charges ? Même si les choses restent encore floues, voici quelques pistes qui pourraient se dégager en 2025.  

Financement de la formation professionnelle : ce que prévoit la loi en 2025

La loi de finances 2025 a pris du retard… Tout est suspendu et il faudra sans doute des mois pour que les parlementaires parviennent à voter un budget national. Mais si elle devait être adoptée, la loi réduirait principalement les fonds pour la formation à ces endroits (hors apprentissage, VAE et reconversions) :  

  • le CPF serait recentré sur les formations jugées stratégiques, 
  • baisse des fonds disponibles pour les FAF des indépendants,  
  • les OPCO devraient prioriser les formations critiques pour leurs secteurs,  
  • les subventions locales et nationales devraient cibler des thématiques prioritaires.  

Toute la difficulté pour les organismes de formation est de savoir ce qui sera jugé « stratégique », « critique » ou « prioritaire ».  

Dans les grandes lignes, la loi prévoit de réduire les fonds alloués à la formation professionnelle quel que soit le pôle d’activité… tout en insistant sur l’importance des formations certifiantes et qui répondent au plan de développement stratégique du secteur. En d’autres termes, il reste des fonds, à condition de bien choisir sa formation. Soit, dans le détail :  

Pour les professionnels (auto-entrepreneurs)

La dotation annuelle du Compte Personnel de Formation (CPF) pourrait baisser sous les 500€ actuels. Ce serait notamment le cas pour les formations jugées « non stratégiques ».

Priorité aux formations nécessaires à l’employabilité directe, les formations jugées moins utiles ne seraient plus éligibles.

Les Fonds d’Assurance Formation (FAF) comme le Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux (FIF PL) pourraient perdre un peu de leur enveloppe budgétaire. Là aussi, cela réduirait l’éventail de formations financées.  

Pour les ESAT et le secteur médico-social

Les ARS ou les fonds de l’État pourraient réduire leurs budgets alloués aux ESAT, en limitant les formations et objectifs des formations financées.
Les Opco Santé financeraient moins systématiquement les formations qui ne seraient pas directement liées à l’exercice du métier.

Par ailleurs, il faut s’attendre à une baisse des financements européens pour les projets qui ne seraient pas totalement alignés avec les « priorités stratégiques européennes » (comme la transition écologique ou numérique).

Pour les collectivités territoriales, mairies, administrations et services publics

Les fonds du CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale) baissent. Le financement des formations pour les agents territoriaux pourrait diminuer de 5 à 10 %. Là encore, il faudra justifier de la priorité de certaines formations.  

C’est aussi le cas des enveloppes régionales et départementales, qui devraient scruter plus attentivement l’objectif des formations, avec l’accent mis sur l’employabilité. 

Certaines formations spécifiques (comme la formation au FALC ?) pourraient être mutualisées entre les administrations ou les ministères, et de nouvelles conditions fixées sur des dispositifs tournés vers l’accessibilité (par exemple, se limiter aux actions qui touchent le public le plus large).  

Pour le secteur culturel (musées, théâtres)

Resserrement stratégique dans la culture, les Opco AFDAS pourraient être plus exigeants sur la rentabilité des structures culturelles (privées) et conditionner plus durement leurs financements de formations. Même discours pour les subventions publiques vers le secteur privé.

Côté secteur public, il faut s’attendre à la fin des financements pour certaines formations en management ou développement personnel, et pour toutes celles qui ne seraient pas alignées sur des enjeux jugés prioritaires (numérisation, inclusion, attractivité des lieux publics).

Qu’est-ce qu’il reste alors pour financer une formation professionnelle ?

France compétences perd 500 millions d’euros de l’État mais devrait récupérer 300 millions d’euros d’augmentation des contributions des entreprises.  

S’il y a des coupes partout, à qui et à quelles formations iront encore ces fonds ? 

La priorité irait aux formations qui :  

– répondent à des priorités stratégiques de l’entreprise,  

– apportent ou renforcent des compétences nécessaires à l’exercice du métier,  

– sont certifiantes, qualifiantes ou diplômantes,  

– sont dispensées par un organisme labellisé Qualiopi.  

– sont reconnues officiellement et enregistrées au RNCP (le Répertoire National des Certifications Professionnelles) ou au RS (Répertoire Spécifique).  
 
Il faut retenir une baisse des budgets globale pour l’année à venir, si la loi était votée… Toutefois, le financement de la formation professionnelle reste une affaire de détails et de cas particuliers.